dimanche 6 juin 2010

LA DANSE AFRICAINE ENTRE PHYSIQUE ET METAPHYSIQUE

Par POKAM Gisèle Magloire
INTRODUCTION

La philosophie renvoie à un vaste champ de réflexion qui permet à l’homme d’explorer des domaines aussi divers que pertinents. Dans notre contexte d’esthétique dite humaniste ou spirituelle, il s’agit de nous préoccuper du phénomène homme. En effet, l’objet de la science esthétique n’étant pas évidente comme celle des autres sciences, il nous revient ici d’opérer des mouvements vers un autre visage de la question esthétique sur le plan sensible et spirituel, dans un domaine encore peu exploité qui est celui de la danse traditionnelle africaine. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, nous aimerions répondre à la question suivante : Qu’est-ce que l’esthétique ? Avec Lalande, disons que c’est ce « qui concerne le beau. (…). Science ayant pour objet le jugement d’appréciation en tant qu’il s’applique à la distinction du beau et du laid »[1]. Elle peut être générale, ou particulière quand elle étudie les différentes formes d’arts. Ainsi, dans sa particularité, l’art au sens esthétique renvoie selon le même auteur à « toute production de la beauté par les œuvres d’un être conscient »[2].

En Afrique, le souci d’esthétique de la danse marque non seulement les ornements faits sur le corps et ses différentes chorégraphies, mais aussi par certaines de ces dernières, une certaine beauté de communion et de communication avec l’invisible. D’où l’intérêt de notre travail portant sur : L’esthétique de la danse africaine dans sa double dimension physique et métaphysique. Ce thème nous conduira à la danse comme art pour y déceler sa richesse visuelle, mystique et religieuse.

La réalisation du travail suivra une logique tripartite, avec d’une part les conceptions du monde, de l’homme et de la danse, d’autre part l’élucidation de la double dimension des danses traditionnelles africaines et l’intérêt du travail.






I- LE MONDE, L’HOMME ET LA DANSE EN AFRIQUE TRADITIONNELLE

Pour mieux comprendre l’importance que donne l’Africain à la danse, il est nécessaire de savoir quelle est sa vision du monde et de l’homme, et le rapport qui existe entre les deux. Car l’incompréhension de ces notions serait un obstacle à cette compréhension.

1- La conception africaine du monde

Qu’est-ce que le monde ? Affirmer que l’Africain croit à la réincarnation c’est reconnaître sa nature profondément animiste, c'est-à-dire sa croyance en une force vitale qui anime non seulement les êtres vivants mais aussi les éléments naturels. Ainsi, le monde c’est la terre dans tous ses aspects géographiques et c’est aussi le lieu où vivent les ancêtres, les défunts, etc. Le monde a donc une double dimension qui est d’une part visible et d’autre part invisible ; mais les deux ne font qu’un. C’est pourquoi, profondément marqué par le mythe de l’origine du monde qui part d’une graine ou plutôt d’un point afin de donner des figures géométriques, la culture africaine accorde une grande importance aux lignes courbes, aux cercles, aux spirales, aux cylindres, etc., qui reflètent à la fois les mœurs et les coutumes. Alphonse Tiérou le précise en ce sens :

« Au commencement est le point. Ce point s’étend selon une ligne courbe. Cette courbe se poursuit conformément à la loi. Cette loi maintient la courbe équidistante du point originel. Et la courbe en se prolongeant forme un cercle. Ce cercle se boucle en un point appelé sindrou, qui localise son pouvoir d’extension »[3].

Ainsi, la spiritualité africaine est symbolisée par trois cercles concentriques, chacun représentant un stade différent. Le premier, qui est aussi le plus grand, représente le monde, le village, la foule, le corps. C’est le domaine des valeurs humaines. Le second situé entre le premier et le troisième, est le domaine de l’intellect, de la recherche d’un état plus spirituel. Le dernier beaucoup plus réduit, est le symbole du monde spirituel, seuls les initiés de Masques y ont accès[4]. Cette conception du monde explique le fait de retrouver le cercle dans la danse et dans les autres aspects de la vie africaine, influencés par le milieu naturel.

· Influence du milieu sur la danse
Il a été remarqué que l’environnement influe le comportement et de façon inconsciente, l’homme adapte son mode de vie ainsi que ses danses à son milieu. C’est pourquoi l’homme des montagnes ayant une démarche prudente, vive et souple à cause du peu d’espace qu’il a pour se mouvoir, est habitué à bondir de roche en roche à l’imitation du bétail qu’il paît sur les hauteurs. Le poids de son corps est donc porté par ses orteils, le regard généralement levé vers les sommets. « Ses danses sont vivantes et alertes, elles se dansent beaucoup sur place, en hauteur ; les sauts et les bonds y sont fréquents »[5]. On y retrouve comme principaux mouvements selon Tiérou : le dooplé, le zépié, le kagnoulé et parfois le soumplé (ce sont quatre noms des dix principaux pas de danses reconnus dans toute l’Afrique. Ils sont d’origine ivoirienne). A titre d’exemple nous prenons la danse Sanhan de Côte d’Ivoire. C’est aussi le cas des danses rwandaises comme le umudiho, (qui signifie littéralement, danser en battant des pieds au rythme d’une chanson populaire), ou le imbyino (qui signifie littéralement, danser en frappant le sol des pieds au rythme d’une chanson émise par le danseur et/ou d’autres personnes) [6].

L’homme de plaine quant à lui est habituellement un paysan entouré de terres riches et plates. Les yeux baissés vers le sol qu’il exploite, il a une démarche lente et ferme, le poids de son corps est porté par la plante de pied, parfois il marche aussi sur la pointe des pieds lorsqu’il va surveiller ses pièges. L’abondance d’espace qu’il a, lui donne la possibilité d’une grande variété de danses et une certaine proximité de la terre. On y remarque un ensemble de ronds, beaucoup de déplacements, des courses, des farandoles. En fait tous les types de pas y sont ainsi que tous les mouvements de base de la danse. C’est l’exemple des danses du sud du Tchad, tel que le ndam saï des Sara qui nécessite beaucoup de mouvements et de déplacement. C’est en fait une danse de réjouissance qui réunit beaucoup de monde, même par simple plaisir, de jour comme de nuit. Elle est très présente dans la vie quotidienne et les enfants s’en exercent à tout moment dans le village.

L’homme de forêt lui, considère celle-ci comme mère nourricière, il vit de la pêche, de la chasse, de la cueillette, du ramassage dans un monde de gros arbres au feuillage touffu. Ses jambes sont habituées aux mouvements de flexion et de tension car il est souvent obligé d’avancer à quatre pattes, de se courber, de s’accroupir, de sauter les cours d’eau ou le tronc qui barre la route. « Sa démarche est donc à la fois lente alerte et prudente »[7]. Ses danses sont alors proches de la terre, à la fois vivantes et lentes, aériennes et légères. On peut l’observer chez les pygmées en Afrique centrale.

L’homme de la côte (au bord de la mer) ignore la fermeté du sol des plaines et des montagnes. Sa marche exige un effort supplémentaire à cause du terrain sablonneux, elle est particulière et difficile. Cela explique le peu de variété dans ses danses, par contre celles-ci sont plus rigoureuses, plus précises et plus affinées. Pour danser, il pose les pieds de façon plate le plus près possible, l’un après l’autre, puis il y a l’intervention du torse, des épaules et de la tête pour compléter sa danse. C’est ce qu’on remarque chez les agbaza du bénin ou de l’Essewe chez les Sawa du Cameroun. L’homme est donc toujours en interaction avec son environnement : Mais, qui est cet homme qui danse ?

2- La conception africaine de l’homme

En Afrique, contrairement au dualisme occidental, on a une vision pluraliste de la personne humaine formant une unité visible et invisible, et dont la multiplicité des éléments se situe surtout sur le plan invisible. Dans son livre intitulé La rationalité d’un discours sur les phénomènes paranormaux, le professeur Hebga qui pense que les instances de la personne sont en nombre variable selon les différentes traditions culturelles africaines, se propose d’analyser les trois instances communément admises en Afrique que sont : le corps, le souffle et l’ombre (le professeur Kouam Michel parle de pluralisme triadique)[8].
Ainsi notre réflexion nous montre que l’homme africain émerge dans une société dont l’organisation socioculturelle marque sa particularité par rapport aux autres sociétés. Avec Louis Vincent nous notons que « la notion de personne résume et cohère les idées-forces de la pensée négro-africaine traditionnelle. On y retrouve, en effet, l’exigence de pluralisme, les réseaux de participations et de correspondances qui relient le sujet au groupe et au cosmos, les dimensions verbales, le dynamisme et l’inachèvement, la richesse et la fragilité, le rôle important dévolu au milieu et la référence inévitable au sacré »[9]. Des trois instances susmentionnées, nous porterons notre attention sur le corps.

· Le corps
Le corps est un concept polysémique qui traduit la matière en physiologie et la subjectivité en psychologie. Anthropologiquement parlant en Afrique comme ailleurs dans le monde, le corps est cette réalité qui permet à l’homme d’être dans le monde, d’entrer en contact avec les choses et autrui. Il permet à l’individu de percevoir, de réfléchir, d’éprouver des sensations, des sentiments. C’est dans cette même logique que Merleau Ponty fait la différence entre le corps matériel (korper) et le corps humain ou corps propre (leib) définit comme « un système de puissances motrices ou de puissances perceptives dans la mesure où notre corps n’est pas un objet pour un je pense mais un ensemble de significations qui va vers son équilibre »[10].
Le corps est cette réalité humaine animée par l’âme qui est en même temps un moyen qui permet à l’individu d’exister, d’être présent dans le monde, d’appréhender les choses et de les toucher, de faire l’expérience avec la réalité sensible et l’altérité. Le corps est l’expressivité de l’âme d’où l’indissociabilité qui existe entre ces deux dimensions humaines. Les sociétés traditionnelles africaines savent s’en servir de façon symbolique par des rituels d’entrée en communication avec Dieu. C’est un objet en mouvement qui fait partie à la fois du visible et de l’invisible. Dès lors, « toute la philosophie du corps, comme le remarque Claude Bruaire, est inévitablement liée à une métaphysique précise, qui constitue ses prémisses nécessaires »[11]. Cette métaphysique dans le cas de l’Afrique passe aussi par la danse qui représente également un véritable rapport avec la nature. Le corps est l’instrument même de la danse qui permet de retrouver un contact direct avec la nature, source d’inspiration. On retrouve ici une des idées anciennes selon laquelle l’art se borne à imiter la nature par l’habileté de l’homme. Or, comme le souligne si bien Hegel, l’imitation ne procure qu’une joie relative. C’est pourquoi, « l’homme montre mieux son habileté dans des productions surgissant de l’esprit qu’en imitant la nature »[12]. C’est ce que fait l’Africain quand il embellit son corps pour les circonstances.

· L’embellissement du corps pour la danse
Les africains ont une façon spécifique de se présenter pour la danse qui exige tout un art de décoration corporelle. La beauté du corps est d’ailleurs un fait purement humain pour le plaisir des yeux ou pour faciliter le contact avec l’invisible. Dans les départements du moyen chari ou dans le mandoul au sud du Tchad, les danseurs se présentent différemment selon les évènements. Les outils généralement utilisés sont : le chapeau de paille, les perles, la jupe de raphia, ceinture en fer (bruyant), bracelets, peau de bêtes, argile, kaolin, boucles sonores pour les pieds. Le danseur apparaît dans une esthétique remarquable.
Dans la danse tsô de la société kuosi chez les bamiléké du Cameroun qui est danse rituelle, les vêtements amples, la cagoule brodées de perles avec des dessins d’animaux, des peaux de panthère, le chasse-mouche en queue de cheval, des calebasses brodées de perles, des sièges, des statues sont les objets décoratifs des danseurs. En fait, le kuosi est la société la plus ancienne des populations bamiléké qui signifie : « qui sort de terre » ou « issu de Dieu » Elle n’est réservée qu’à la famille royale, les notables et toute personne aisée capable de payer le droit d’entrée très lourd exigé. Lors de la cérémonie présidée par les ancêtres, les musiciens sont cachés dans une chambre dont les gardes veillent autour. Seuls les princes ont droit au port de la peau de panthère[13]. Cela nous mène à remarquer que « le beau est un fait humain qui ne se laisse pas changer ; le corps en quelque sorte le reconnaît par cette attitude imitative dont le sentiment nous avertit assez »[14]. Certaines danses se font toujours masquées. Mais les masques nous montrent en dehors de leur valeur spirituelle et culturelle que « l’art n’est pas que la représentation du beau »[15] car les masques africain

Le corps est le siège de tous les éléments spirituels où les valeurs religieuses et culturelles sont représentées par des tatouages et des produits divers comme le kaolin, la cendre, etc. La danse est un art corporel, où parfois il n’y a pas de signification propre au mouvement opéré.

3- La danse africaine

Peut-on préciser l’époque à laquelle l’être humain a commencé à danser ? Il nous semble impossible. Mais le caractère spontané du mouvement expressif, de la danse, son universalité et son lien intime avec les autres aspects de différentes cultures, inspire la probabilité selon laquelle le développement de la danse est une conséquence de l’évolution de l’espèce humaine. On danse chez tous les peuples, la danse est donc un besoin de l’homme d’exprimer non seulement ses sentiments, mais aussi comme le souligne Alphonse Tiérou, d’exprimer « ses aspirations vers le beau et le bien, parce que ces sentiments sont parfois trop spiritualisés pour les traduire par les mots »[16].
Pour mieux comprendre la danse africaine commençons par répondre à la question : qu’est-ce que la danse ? La danse est une suite de pas et de mouvements rythmés qu’une personne ou un groupe de personnes exécutent sous le déroulement d’un air de musique ou d’un chant. D’après Tiérou, « danser, c’est éprouver et exprimer avec le maximum d’intensité le rapport de l’homme avec l’espace, avec la société, avec l’infini »[17]. Elle révèle les mouvements de l’esprit par de doux mouvements harmonieux du corps ; c’est une manière d’exister par la participation et la célébration. La danse est une composante majeure de la culture africaine qui repose sur la notion de cercle, considéré comme symbole de vie temporelle et spirituelle. Généralement les danseurs se disposent en cercle ou en arc de cercle, de même que les spectateurs qui se mettent autour d’eux. Il existe trois types de cercles. Le professeur Tiérou note que « le danseur a besoin du large cercle des villageois qui le portent et l’assistent, l’aidant à se surpasser pour atteindre le troisième cercle et transmettre ce message »[18], qui vient des ancêtres.
Prenons en exemple la ivoirienne Sanhan ou « cercle de Lumières » qui représente un symbole spirituel et initiatique. Elle se passe dans la nuit jusqu’à l’aube, les initiés utilisent un langage secret, des sons et des voix particulières, des flammes, etc. Tout se passe dans trois cercles, le premier comprend sept danseurs, le second quatorze et le troisième vingt et un. Plusieurs paramètres entrent en jeux dans cette cérémonie[19]. Le rôle spirituel du cercle est donc une des origines sacrées de la danse africaine. Il est important de noter, puisque nous parlons de cercle, que la courbe et les ronds sont des critères de beauté en Afrique, de même que les parties du corps sont aussi des critères pour évaluer charme et beauté : il s’agit outre le visage, du cou, des seins, du ventre, des jambes et des fesses qui permettent de se mettre au rythme de la nature.
Les danses africaines peuvent être regroupées en trois sortes principales : les danses profanes pratiquées dans l’enfance, la puberté, l’age adulte, lors d’une naissance, la circoncision, le mariage, les funérailles et d’autres occasions ; Les danses rituelles qui ont un caractère religieux, sont pratiquées dans les cérémonies initiatiques, avec les masques dont le but est de favoriser le contact avec l’invisible ; Les danses de castes comme les forgerons, les griots, etc.
La danse africaine est la manifestation parfaite du cou et du zou. Elle participe à la communion et à la communication des joies et des douleurs. Allant de pairs avec le rythme, c’est à celui-ci que la danse tire sa puissance. Car il favorise le travail, contraint à l’apparition d’un dieu, à sa présence ou à sa proximité et à son écoute.

· Le rythme et la danse
Serge Lifar dans son livre intitulé Le livre de la danse, fait l’éloge du rythme : « A l’origine était le rythme, dit-il[20], le rythme binaire, puisque tout ce qui constitue et maintient la vie est une succession de contrastes, de temps forts et temps faibles, de positifs et négatifs : le jour et la nuit, les marées, les battements du cœurs… »[21]. Ainsi par le rythme qui est d’une grande utilité en Afrique, l’homme est appelé à communier avec le monde extérieur en cherchant à l’exprimer avec son corps.
Grâce aux différents instruments de musique que sont : tam-tam, flûtes, balafons, mvets, koras, cors, guitares, tambours, calebasses, harpes, maracasses…, les africains ont du rythme nécessaire pour accompagner les différentes danses selon les circonstances spécifiques. En effet, le rythme ou la musique va toujours de pair avec la danse. « Le tam-tam, dont les variétés en font à lui tout seul un véritable orchestre, est vraiment le catalyseur de l’âme collective du village africain »[22]. Le ndam saï tchadien une fois de plus est un exemple révélateur, ici, entourés des danseurs en cercle ou demi-cercle, les batteurs révèlent une grande aptitude éveillant un joyeux sentiment collectif. Il en est de même pour le Zoua ivoirien, qui est exécuté pendant les fêtes ou le soir au clair de lune, les jours de marché aussi. Les chants et le tam-tam battu avec deux baguettes accompagnent l’ambiance et contribuent à l’harmonie de la danse. Chez les Bamoun du Cameroun, la danse ngouen ou le mendoun ngbala, se fait avec les pieds, les reins, les bras, à l’occasion des réjouissances, mariages et au village le soir et parfois pour l’accueil des hôtes

C’est un instrument fait de tronc d’arbre évidé, de peau de bête (l’antilope ou vulgairement de nos jours la chèvre) et de corde synthétique pour faire tenir la peau sur l’un ou sur les deux cotés du bois. Les rythmes et les danses varient d’une ethnie ou d’un pays à un autre. La danse n‘est pas un spectacle, mais une technique de participation de tous, dynamisée par le rythme instrumental ou simplement par le claquement des mains. Pour Ki-zerbo, les différents types de danses sont : « Des danses religieuses d’envoûtement, des danses de chasseurs, de cultivateurs avant ou après les cultures, des danses pour les femmes selon leur âge et leur condition, des danses pour lutteurs victorieux, pour les funérailles des vieillards, pour les circoncis, etc. »[23]. Durant la danse, chacun communie à sa manière, certains préfèrent chanter, d’autres battre les mains, ou animer autrement par des cris et des gestes.

· Les types gestuels
Les types de gestuels renvoient aux mouvements répétitifs, individuels ou collectifs. Pour le professeur Tchimou, « tout mouvement du corps se caractérise par l’association de trois éléments fondamentaux : la partie du corps en mouvement ; la direction dans laquelle il s’effectue ; le niveau d’action et la durée du mouvement »[24]. Le corps agit comme dans une sphère. Les différentes parties sont réparties selon l’ordre du corps humain : la tête, le tronc, les membres supérieurs et les membres inférieurs, puis il y a le devant et le derrière comme deux faces d’une monnaie, pile et face, enfin le coté gauche et le coté droit. « La danse sous ses différents aspects chorégraphiques est une forme d’expression qui, comme le langage verbal énigmatique, est compris par des initiés ».[25] Nombreux peuples d’Afrique, en effet, se sont toujours servi des rythmes et des danses chargés de symboles pour donner des explications à certains phénomènes de la création. C’est l’exemple de la danse du Sigui qui est un rituel soixantenaire du Mali, et qui représente les éléments constitutifs de la parole : l’air, l’eau, la terre et le feu.

Le manque d’improvisation dans l’œuvre d’art africain n’a pas d’intérêt. Mais il faut d’abord connaître pour inventer. La danse en Afrique repose donc à la fois sur la répétition des mouvements de base et l’improvisation autour de ces mouvements. La capacité d’innover révèle l’aptitude du danseur à associer rythme et mouvements, style et perception de l’espace. Mais tout cela s’acquiert par l’habitude de danser qui favorise la maîtrise des mouvements de base surtout quand on aime danser. La danse développe le sens du rythme, conduit au bon équilibre entre physique et intellect, et réveille l’esprit d’initiative et d’invention.


II- LA DOUBLE DIMENSION DES DANSES AFRICAINES

A travers la danse, les africains ont su concilier la vie dans sa double dimension physique et métaphysique. En effet, naturellement religieux, ils ont plusieurs manières d’entrer en contact avec le divin et l’une de ces manières privilégiées est la danse accompagnée soit de chants, soit de musique ou de rythme spécifique.

1- La dimension physique de la danse africaine

La danse est un moyen de transmission des idées et des émotions, ses effets vont au-delà des simples plaisirs corporels. Elle est révélatrice d’un sentiment d’unité à un groupe donné qui est animé par un même rythme et les même mouvements, et peut aboutir à un état de transe favorisant des exploits comme danser sur des braises.
A considérer les activités quotidiennes de l’Afrique traditionnelle (travaux agricoles, la pêche, la chasse, etc.), nous sommes portés à dire que le travail serait une source physique de la danse. En fait, ce sont les activités de groupe où l’on chante et esquisse des gestes spontanées, ainsi en travaillant on engendre des danses. La transmission des connaissances par l’oralité peut aussi être une des origines, formant à la suite des contes, mythes, épopées, etc., des chants qui par suite s’accompagnent de mouvements du corps, de la danse.
« Le cou est le terme qui défini le corps du danseur lorsqu’il exécute la danse ; c’est la partie manifestée de la danse »[26]. Le corps déborde de joie et de vitalité, tremble, vibre, rayonne, il est chargé d’émotion. L’africain n’a pas de complexe de ce qu’il est pour danser, qu’il soit gros, mince, petit ou grand de taille. Les émotions favorisent la collaboration avec l’irrationnel qui est le vrai langage du corps qui devient magnétique. La beauté et la lumière divine qui émanent du danseur l’illuminent et se propagent autour de lui communiquant un certain calme, une certaine paix, ainsi qu’une harmonie. La danse physique et surtout profane, est en même temps une distraction, un amusement, un défoulement, un divertissement. C’est le carrefour des contacts, combattant l’isolement. Généralement les danses profanes se déroulent en plein jour, du matin à la tombée de la nuit et même dans la nuit. On relève des critères esthétiques essentiels ainsi que le rôle que jouent les femmes dans ces cérémonies.
« Le zou est la partie abstraite, conceptuelle de la danse »[27]. Il englobe la volonté du danseur de danser, la liberté qu’il a de faire ou de refuser, ses émotions et ses sensations et les divers aspects involontaires du corps.
La danse rythme les grands évènements de l’existence, facilite les échanges et les rencontres. C’est un moyen de communication entre les êtres qui permet d’exprimer les émotions et les sentiments. On danse à l’annonce d’une naissance, au mariage, aux funérailles, au clair de lune, après un succès. C’est le cas des danses de fin d’initiation, à l’exemple du ndam ndo (pour les garçons) ou ndo banyan (pour les filles) chez les Sara du Tchad où on célèbre la victoire de la vie sur la mort. On se réjouit d’avoir vaincu les épreuves initiatiques. Dans les deux cas, les néophytes ont le corps recouvert d’huile de karité et orné de perles couvrant le visage, ou en transversal sur la poitrine, etc., ils dansent au moins pendant un mois. Dans le passé, le ndo banyan était une danse que les jeunes filles exécutaient pour introduire la jeune mariée dans son foyer, on le dansait aussi quand le kor-mbege[28] devait sortir. Quant au ndam ndo, elle peut constituer aussi une séance de bénédiction sollicitée par une des personnes d’un des nouveaux initiés. Il s’agit en fait de donner quelques coups de fouet avec le bâton de danse après que la victime ait donné une certaine somme.
Les effets dynamisants de la danse sont beaucoup plus bénéfiques au niveau physique, car elle fait bouger le corps et entretient ainsi toutes les articulations. Les danses traditionnelles africaines ont aussi la spécificité d’englober tout l’univers. On peut aussi danser pour le plaisir et la satisfaction esthétique. On le remarque dans le Mindé gouleï de Goundi, qui est toujours une spécificité Sara, dansée de façon mixte, où le demi cercle formé par un partenaire est complété par l’autre avec une esthétique gestuelle assez captivante. Mais dans sa double dimension du monde, l’africain sait aussi que par la danse dite rituelle, il peut entrer en contact avec l’invisible.


2- La dimension métaphysique de la danse africaine : lieu de l’extase et de la communion spirituelle.

Considérée comme art du mouvement, la danse a un point commun avec la métaphysique qui est le premier principe du mouvement. Saint Thomas à la fin du Moyen âge, définit la métaphysique comme ce « qui dépasse le réel empirique pour accéder à la connaissance des réalités divines et transcendantes »[29].
Dans le cadre de l’Afrique, nous aimerions mieux comprendre la dimension métaphysique de la danse africaine à travers le terme de la mystique que le dictionnaire de philosophie présente comme synonyme au mysticisme. En effet, « le mysticisme est une attitude ou doctrine selon laquelle il existe un ordre de réalités surnaturelles qui ne peuvent être atteintes que par une intuition étrangère à l’expérience sensible et à la connaissance rationnelle »[30]. Tandis que le terme « mystique correspond à tout ce qui concerne le mysticisme, et plus particulièrement à un type de pensée, la « pensée mystique » qui, chez Lévy-Bruhl, est propre aux sociétés primitives et fondée sur « la croyance à des forces, des influences, des actions imperceptibles aux sens et cependant réelles »[31]. Le mystère dans l’Antiquité égyptienne était « une connaissance spéciale, une sagesse secrète »[32] acquise dans des écoles dites de mystère. Le mysticisme est donc « une gnose (…) C’est la recherche de la vérité et des valeurs éternelles » (…) le mystique est un être objectif, responsable, réaliste, stable, constant »[33].

L’homme est naturellement lié à Dieu. Les origines mystique et sacrées reposent donc sur la conception divine de l’homme du soleil (l’Africain) et se manifeste par les mouvements corporels. Notons que le balancement du corps se trouvait déjà dans les anciens temples d’Egypte durant les cérémonies religieuses. Cela montre que la danse africaine trouve ses racines dans l’homme et dans l’univers c'est-à-dire dans toute situation de la vie ayant une origine extérieure ou intérieure. Et « la libération de la vie par le mouvement se manifeste dans l’or du soleil couchant, dans le magnifique tapis étincelant de langue de feu qui constitue un ciel étoilé… »[34]. Rechercher les origines sacrées de la danse africaine revient à considérer son aspect symbolique, spirituel et mystique de la réalité. Le symbole marque des enseignements représentant la réalité présente et future, sous forme de géométrie dont la plus haute représentation est le cercle. Raison pour laquelle les danseurs se placent généralement en cercle.

L’accès à la vie mystique en Afrique, peut se faire par plusieurs voies qui sont la prière, l’initiation, les possessions et la danse. Dans le cas de l’initiation ou des possessions la transe conduit généralement à la danse. Pour Alphonse Tiérou, « Sur le continent du soleil, la danse n’est pas seulement un art qui permet à l’âme de s’exprimer en mouvement, mais c’est encore une conception de la vie plus simple, plus harmonieuse, plus naturelle, plus humaine »[35]. Le contact spirituel avec les être transcendants se manifeste dans le corps, qui permet à l’âme de s’exprimer :

« La danse montre de façon élégante que le physique et le spirituel sont deux aspects d’une même réalité et que se sont les pseudo-mystiques qui s’évertuent à dénigrer le coté physique de leur être, au point d’en abuser dans leurs efforts pour atteindre l’équivalence ultime de la personnalité de l’âme[36].

Les mouvements du corps n’empêchent pas le recueillement ou la possibilité à l’âme de transcender vers les plans supérieurs. La danse, à travers les mouvements physiques favorise le mouvement de l’intérieur vers l’extérieur[37]. La répétition conduit de plus en plus à l’ivresse et le danseur sent croître ses forces. L’Africain montre donc son désir de transcender avec son corps lorsqu’il danse. Ainsi la danse conduit facilement à l’extase.
Les danses de communion avec les forces cosmiques sont généralement dotées de vivacité et de gaieté avec des rythmes correspondants qui marque la conquête, le combat, la liberté et l’indépendance. La transe est un phénomène qui peut se produire avant, pendant ou après la danse. Ce n’est pas son but ultime : « les garants de la civilisation orale font appel à la transe pour des raisons initiatiques et quelquefois thérapeutiques (traitement de certaines maladies mentales »[38]. C’est pourquoi, les danses rituelles sont accessibles aux seules initiées. « Elles ont alors davantage une fonction d’initiation, d’apprentissage de la vie ou d’un culte spécifique. Elles ont comme but d’amener le ou les danseurs à communier avec Dieu par l’harmonisation de son corps et de son esprit »[39]. Ces danses se déroulent à des époques déterminées, fixées par le calendrier rituel et dans un lieu précis. L’aspect symbolique et l’aspect spirituel sont liés à une identité culturelle et à un contexte ethnographique. Généralement pour atteindre le divin les africains passent par des médiateurs que sont les ancêtres et qui sont comme des véhiculent appropriés pour transporter jusqu’à lui les doléances et les louanges des hommes.

La danse rituelle est habituellement une danse masquée, c’est ce qui fait qualifier l’Afrique de continent des masques. Le rôle du masque n’est pas seulement à cacher le visage, mais aussi à représenter un autre être, qui est une force naturel d’origine divine, un guérisseur, un esprit, un ancêtre qui vient bénir ou punir. En effet, c’est aussi un moyen d’honorer les ancêtres, ou de s’attirer les faveurs divines. La danse est donc un chemin spirituel, car les danses rituelles ont pour but d’amener le danseur à communier avec Dieu par l’harmonisation de son corps et de son esprit.
Prenons l’exemple du ndo kla des Sara de Bédaya du Tchad. La danse se passe autour du Balafon, tam-tam, tambour, les flûtes. Le costume est constitué de chapeau de paille, perles, jupe de raphia, ceinture en fer, etc. Le ndo kla est une danse mystique ou rituelle réservée à un groupe restreint d’initiés, notamment les notables du chef. C’est une danse cérémonielle qui se danse pour demander la bénédiction de Dieu à travers les ancêtres afin d’obtenir la pluie pour les semailles. Les rites durent trois jours. Tout commence par la chasse (ou la pêche) du chef et de ses notables, chasse qui a pour but d’apaiser les esprits et demander le okey des ancêtres. Ceux-là restent attentifs à tous les signes susceptibles d’interprétation. Par exemple si un certain animal traverse la route devant eux, cela peut être un bon ou un mauvais signe, etc. Pendant ces trois jours toute la population est en communion spirituelle avec ceux qui font les rites. On garde un grand calme au village, et il est interdit de faire le feu, donc de cuisiner pendant que les rites se font dans la brousse. Cette cérémonie marque aussi la puissance du roi. Après la sortie de brousse, les initiés esquissent le ndo kla avec une dextérité admirable pour rendre grâce à Dieu et remercier les ancêtres pour leur bonté. Les danseurs sont dotés d’un bâton à la main, décorés de colliers au cou, aux reins, jupe de raphia. Le rythme est maintenu par le tam-tam.

Quant au ndo tei de Bémoli dans la même région, elle est réservée aux initiés et met en exergue les pieds et la poitrine. Bâton ou coupe-coupe traditionnel, manche de houe ou encore faucille à main, peau de chèvre comme cache sexe, colliers au cou et à la poitrine, tête ornée de plume d’oiseau, yeux ornés de caolin rouge sous forme de lunette, plein de boucles bruyantes aux pieds, corps oint d’huile de karité, les initiés esquissent des pas très spéciaux battant le sol à pied alterné et par moment mettent en relief les fesses. En demi cercle, les danseurs forment un mouvement circulaire et de temps en temps, forment de petits groupes de trois, tendent les bâtons vers l’horizon. Le ndo teï a une chorégraphie très esthétique, mais sa dimension métaphysique demeure un mystère pour les profanes.
On se rend compte qu’en Afrique traditionnelle la danse a une importance capitale tant sur le plan physique que métaphysique. Et, « parler en meme temps du langage métaphysique et existentiel revient à tenir un discours sur l’interaction entre les vivants et les morts : le monde du bien, beau et celui des biens et des beautés évanescentes»[40].




INTERET DU TRAVAIL

la danse africaine a beaucoup d’effets positifs tant sur le plan individuel que social, elle favorise et crée des échanges interindividuels étant donné qu’elle se pratique souvent en groupe. C’est donc un facteur d’unité, qui révèle un mode de vie centré sur le corps. Elle contribue à l’épanouissement et au développement de la personne et permet l’apprentissage de l’écoute de soi, éveille, libère, donne forme à la pensée et aux sentiments. Elle fait ainsi le lien entre le dehors et le dedans, l’esprit et le corps et a un rôle de socialisation. Dans ses nombreux bienfaits, elle essaie de réconcilier la tête et le corps, la pensée et l’instinct à travers la libération du geste et l’abandon au rythme tout en constituant « une démarche qui conduit l’homme au plus profond de lui-même, à la découverte de ses qualités latentes, à l’épanouissement de sa personnalité, à la fois sur le plan physique, intellectuel, social, thérapeutique et spirituel »[41].
Sur le plan physique, Maurice Béjart pense que « la danse est un sport (complet) »[42] car elle engage le corps, le cœur et l’esprit. En Afrique, elle implique vraiment toutes les parties du corps, les rendant assez souples et équilibrées, exigeant comme dans les autres disciplines sportives le dépassement de soi, la résistance, l’effort soutenu, la ténacité, la persévérance, la constance et la concentration. Généralement en Afrique les soirs dans les villages sont réservés à la danse qui est une éducation physique favorable pour mieux reprendre les activités le lendemain. Mais, toute occasion est aussi bonne pour en pratiquer. Ce n’est donc pas à tort qu’Alain n’affirme que « la danse est une école de société », et non un passe temps, mais un moyen de vie, d’éducation, de culture. C’est un bonheur de société qui ne s’use pas.
La danse a aussi un rôle thérapeutique :

« En Afrique la médecine, bien qu’intimement mêlé à la philosophie, à la religion, à l’astrologie, à la géomancie, comme la médecine égyptienne, chinoise, arabe, indienne, babylonienne et occidentale (jusqu’au XVIIè siècle), se compose de deux parties bien distinctes »[43].

L’une est traditionnelle et concerne un ensemble de connaissances transmises d’une génération à l’autre, au sujet des vertus animales, minérales, ou végétales. L’autre est spirituelle, c’est une thérapie dans laquelle la danse occupe une place de choix.

Comme les autres arts, elle est une école de création soumise à la règle d’or de la répétition et a en général un rapport direct dans l’histoire avec les autres arts comme la musique, la sculpture, etc. l’art devient ici le maître du corps. Il est généralement conçu que le langage biologique ne fait pas penser, mais seulement agir comme des oiseaux qui s’envolent. Pourtant « dans la danse, au contraire, l’imagination trouve le seul objet qui lui donne existence, et qui est le mouvement du corps humain »[44]. Nous découvrons aussi que l’esthétique de la danse nous donne des lieux où se manifeste les phénomènes paranormaux, d’où l’importance de la fonction thérapeutique de la danse. Celle-ci est l’utilisation de l’art de la danse dans un but curatif ou préventif. Elle favorise le regard et l’acceptation de soi, et a une grande puissance, puisqu’elle permet beaucoup, elle est déliante et apaisante.

On se rend compte que dans le vécu, l’histoire, la culture, le milieu social en Afrique, la danse procure un plaisir libératoire des contraintes morales, sociales, et religieuses. Etant pratiqué en groupe, elle facilite la communication, l’intégration sociale, ainsi dans sa pluralité de sens c’est un état d’esprit qui permet de communiquer avec les éléments cosmiques dans un langage compréhensible et universel. C’est un mode d’expression populaire qui parle à tout le monde, elle a un caractère dynamisant, festif, ludique, enthousiaste, jubilatoire et concerne toutes les classes sociales. C’est un « loisir intelligent ». On claque les mains, mime les guerriers, les chasseurs, les pécheurs, etc.[45]. Alphonse Tiérou a bien raison lorsqu’il intitule son : La danse africaine c’est la vie, car la danse en effet, est en Afrique une véritable école de vie qui touche tous les aspects de l’homme, les chants qui l’accompagnent sont souvent riches de sens et d’interpellation.




CONCLUSION

Dans les sociétés traditionnelles africaines les évènements sont considérés comme l’affaire de tous. Chaque pays d’Afrique s’appuie sur une gestuel, une rythmique différente pour exprimer des choses essentielles, c’est pourquoi les danses sont aussi diverses que les régions, les ethnies.

Pour l’homme africain, toute activité ou manifestation est un acte comportant une signification car « tisser, cultiver, c’est participer à la création qui obéit à des lois surnaturelles. Danser, chanter, sculpter, c’est accomplir un rite dont le geste, le mouvement est symbole »[46]. En effet, les manifestations extérieures sont des représentations du monde invisible qui devient visible à celui qui détient la clé de la lecture ou de l’interprétation.

La danse est le mouvement par lequel le corps exprime les sentiments les plus profonds et les plus spirituels de la personne. Avant d’être une œuvre d’art ou un loisir, elle est d’abord une célébration et en même temps une démonstration de l’harmonie qui doit régner dans la société. Pendant une séance de danse, on constate souvent une amalgame de personne : hommes, femmes, adultes, jeunes, enfants, chacun y trouve sa place. Dans la plupart des danses ; observateurs et danseurs sont tous regroupés en cercle. L’observateur participe à la danse en tapant les mains de façon rythmée ou en chantant lui aussi. Instruments de musique, acclamations, bruits de mains et chants s’harmonisent et l’élément essentiel de tout cela est le corps humain. Mais, l’identité individuelle disparaît pour faire place à celle du groupe. On s’abstrait de ce groupe de corps visible charnel pour se représenter un corps social en harmonie[47]. La danse africaine est un beau sensible et spirituel qui est parfois magico-religieux.




BIBLIOGRAPHIE

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SITES INTERNETS CONSULTES
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- http://etudesafricaines.revues.org/index5907.html.
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[1] A Lalande., vocabulaire technique et critique de la philosophie, vol 1, a-m, P.U.F., paris, 1997, p. 302.
[2] Idem, p. 80.
[3] A. Tiérou, Dooplé. Loi éternelle de la danse africaine, Paris, Maisonneuve et Larose, 1989, p. 49.
[4]Cf. Idem, p. 50.
[5] Ibid., p. 37.
[6] H. Dumas, « Nkulikiyinka, Jean-Baptiste. – Introduction à la danse rwandaise traditionnelle », Cahiers d'études africaines, 181 2006, [En ligne], mis en ligne le 13 avril 2006. URL : http://etudesafricaines.revues.org/index5907.html. Consulté le 18 avril 2010.

[7] A. Tiérou, Dooplé. Loi éternelle de la danse africaine, op.cit, p. 38.
[8] F. Eboussi Boulaga (sous la dir.), La dialectique de la foi et de la raison. Hommage à Pierre Meinrad Hebga, Yaoundé, Editions Terroirs, 2007, p. 123.
[9]THOMAS L. V., Terre africaine et ses religions, Larousse, université, série anthropologie, sciences humaines et sociale, Paris, 1975, p. 27.
[10] M.M. Ponty, Phénoménologie de la perception, Paris, Librairie Gallimard, 1945, p. 90.
[11] J. M. Brohm, in encyclopédie philosophique universelle, tome 1, philosophies du corps : quel corps ?, Paris, P.U.F., 1989, p. 397.
[12] G. W. F. Hegel, Introduction à l’esthétique I Le beau, (Trad. S. jankélévitch), Paris, Flammarion, 1979, p. 36.
[13] Cf. Collectif, Les danses du Cameroun, N°1, Yaoundé,
[14] Alain, Propos sur l’esthétique, Paris, P.U.F., 5°édition, 1975, p.80.
[15] M. Kouam, Esthétique II. Beauté et vie sprituelle. Essai philosophique de confrontation : Plotin, St Augustin et l’Afrique, Paris, Menaibuc, 2005, P. 40.
[16] A. Tiérou, La danse africaine c’est la vie, Paris, Maisonneuve et Larose, 1983, p. 12.
[17] Idem, p. 9.
[18] A. Tiérou, Dooplé, loi éternelle de la danse africaine, op.ci.t, p. 15.
[19] Cf. A. Tiérou, La danse africaine c’est la vie, op.cit., p. 20.
[20] Cf. idem, p. 97.
[21] S. Lifar cité par Azombo-Menda et P. Meyongo, Précis de philosophie pour l’Afrique, Paris, Nathan Afrique, 1981, p. 10.
[22] J. ki-zerbo cité par S. Azombo-Menda et P. Meyongo, idem, p. 106.
[23] Idem, p. 107.
[24]F.-K. Tchimou, Langage de la danse chez les Dogons, Paris, l’Harmattan, 1995, p. 72.
[25] Idem, p. 91.
[26]A. Tiérou, Dooplé. Loi éternelle de la danse africaine, op.cit, p. 23.
[27] Idem, p. 24.
[28] Chez les Sara, c’est la femme destinée à préparer les fétiches de bénédiction du chef lors d’une cérémonie particulière.
[29] G. Durozoi et A. Roussel, Dictionnaire de philosophie, Paris, Nathan, 1997, p. 258.
[30] Idem, p. 267.
[31] Ibid.
[32] A. Tiérou, La danse africaine c’est la vie, op.cit., p. 31.
[33] Idem
[34] Ibid., p. 15.
[35] Ibid., p. 9.
[36] Ibid., p. 34.
[37] Ibid., p. 21.
[38] Ibid., p.71.
[39] Babette, mémoire sur la danse africaine phénomène de mode ? http://www.danse-africaine.net/document_texte/memoire_danse.php#haut, 15 Avril 2010.

[40] M. Kouam, Esthétique II. Beauté et vie sprituelle. Essai philosophique de confrontation : Plotin, St Augustin et l’Afrique, Paris, Menaibuc, 2005, p. 97.
[41] A. Tiérou, La danse africaine c’est la vie, op.cit., p. 40.
[42] Idem.
[43] Ibid., p. 61.
[44] Alain, Les idées et les âges, (vol. 2), Paris, Gallimard, 1927, p. 32.
[45]Cf. Babette, mémoire sur la danse africaine phénomène de mode ? http://www.danse-africaine.net/document_texte/memoire_danse.php#haut, 15 Avril 2010.
[46] J. BRUYAS, Les sociétés traditionnelles de l’Afrique noire, Paris, L’Harmattan, 2001, p. 19.
[47] C. Pairault, Boum – le – grand village d’Iro, Paris, Institut d’Ethnologie, 1966, pp. 314 – 317.

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